NDDL, l’abandon et ses premiers enseignements

L’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes jette une lumière crue sur certains discours proférés jusque là. Car à trop vouloir tordre la réalité pour remporter la bataille, la désinformation apparaît comme telle lorsque la situation effective évolue. Deux éléments essentiels nous semblent avoir déjà été invalidés par le réel, le caractère nécessaire du projet et l’existence d’armes sur la Zad.

Les élus – et avec eux le patronat local – nous ont répété pendant des années que le projet était « nécessaire pour le territoire », « vital pour les entreprises », « indispensable au futur de nos enfants ». Il n’aura pourtant fallu que deux ou trois jours pour que le territoire en question passe à autre chose, comme l’illustre ces titres de presse paru juste après la décision gouvernementale : « Notre-Dame-des-Landes. La Métropole nantaise tourne déjà la page » ; « Abandon de NDDL. Johanna Rolland : “Nous sommes tournés vers l’avenir” » ; « Nantes-Atlantique : les travaux débuteront avant 2022 » ; « NDDL. Brest prépare son envol » ; « Grand Ouest Sarthe et Anjou unis pour l’aéroport d’Angers-Marcé ». Bien sûr, l’aéroport n’était qu’une possibilité parmi d’autres, mais de nombreux élus territoriaux ont dramatisé les enjeux et biaisé le débat en n’admettant pas d’alternatives possibles.

Par un curieux hasard du calendrier, le sujet des « armes » supposément présentes sur la Zad a disparu des discours avec l’abandon du projet. Une disparition qui accrédite l’idée d’une manipulation médiatique. Car qui peut croire que le gouvernement tolérerait des groupuscules armés sur le territoire ? Qui peut croire que tout n’aurait pas été fait pour démontrer l’existence de ces armes avec force caméras ? Une chose est certaine, la gendarmerie fournit de fausses informations aux journaux avec plusieurs objectifs à la clef : diaboliser l’opposition dans les opinions publiques ; amplifier la menace pour réclamer des moyens ; légitimer la violence de la répression. Et il est des journaux pour colporter ces mensonges, soit par incompétence, soit par choix idéologique.

Évidemment, la politique est d’abord et avant tout un rapport de force et en cela, les journaux, les élus ou la gendarmerie ont logiquement défendu leurs intérêts particuliers. Il nous semble cependant intéressant de mettre en regard les grands principes revendiqués avec la réalité des faits, car ceux-là même qui déplorent le discrédit des institutions en sont parfois les premiers fossoyeurs.