Pandémies, une production industrielle – par Lucie Leclair

Publié en octobre 2020 cet ouvrage est d’une actualité criante en pleine crise sanitaire. Accessible et solidement documenté, il déploie une démonstration implacable qui permet de saisir, dans toutes ses dimensions, le rapport entre l’élevage industriel et les pandémies : réduction du vivant à sa seule dimension productiviste, impunité des multinationales et risques sanitaires.

Un des éléments frappant de l’ouvrage, c’est la fuite en avant des pouvoirs publics et des agro-industries avec la « biosécurité ». Plutôt que d’admettre que l’élevage industriel est une menace pour l’ensemble de la collectivité, ces acteurs mettent en place des élevages qu’ils essayent de « séparer » du monde extérieur. L’exemple paroxystique de cette logique, c’est la Guifei Moutain Sow farm (Chine) : un immeuble de neuf étages regroupant 28 000 truies. Pour y pénétrer, il faut subir une quarantaine et traverser de nombreux sas de décontamination. Chaque étage est indépendant des autres et les employés qui y travaillent y restent trois mois sans sortir. Cette ferme constitue un exemple pour la profession.

Lucie Leclair consacre la dernière partie de son livre aux stratégies des paysans qui refusent le modèle productiviste et la fuite en avant biosécuritaire. Agroécologie, nourriture plus adaptée, animaux au patrimoine génétique plus varié, moins d’antibiotique sont autant d’éléments qui permettent d’éviter le bouillon de culture explosif que constitue l’élevage industriel.