Mon amour,
je suis là, debout,
seul.
Je suis là, dans ces toilettes nauséeuses,
caché.
Je me tiens droit, au milieu des tags et de la pisse,
le sexe palpitant au creux de la main.
Je pense à toi.
Les images de ton corps m’assiègent,
sans répit elles frappent. Coups de semonce.
Si tu savais combien j’ai envie de glisser ma langue dans ton con, d’introduire mes doigts insatiables au plus profond de tes chairs. Si tu savais combien j’ai envie d’embrasser tes lèvres généreuses et tes seins gonflés par le vice.
Planter mon sexe frénétique dans ta chatte humide et chaude.
Sentir mon sang perler sous tes ongles.
Exploser dans ton ventre.
La porte s’ouvrit, on entra dans les toilettes. J’accélérais le mouvement tout en évitant de penser à l’intrus. Pour plus de stabilité, je posais mon autre main sur le mur. Je devais faire silence tout en maintenant le tempo. Je sentais la chaleur m’envahir, la sécrétion progressait dans les replis de mon corps. L’intrus sortit du cabinet, se lava les mains, déclencha le séchoir électrique puis quitta la pièce. Appliqué, je continuais mon action. Le plaisir irradiait mon bas-ventre avec toujours plus d’intensité. J’accélérais, j’accélérais à nouveau, j’accélérais encore et encore jusqu’au dénouement final.
— âââh !
Le sperme percuta l’eau du w.-c.
— plic.
J’essuyai mon sexe haletant, je tirai la chasse d’eau puis je sortis du cabinet. Je gagnai le lavabo pour me laver les mains. Face au miroir, j’esquissai un sourire navré. Même en voyage, je ne parvenais pas à oublier ma psy.
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« Dissonances » est disponible en version papier ou PDF sur le site de l’éditeur : https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=66949
Crédit photo : Timo (CC-BY)