Ce que révèle le mouvement des Gilets Jaunes

Le mouvement des Gilets Jaunes franchit le cap des « 54 actes ». Une année de lutte à occuper les ronds-points et à battre le pavé, une année de lutte à exiger la justice sociale face à un gouvernement autoritaire.

Cette mobilisation d’une ampleur sans précédent aura agi comme un puissant révélateur. Elle aura exposé la violence qu’était prête à déployer l’oligarchie à l’encontre des opposants politiques : véhicules blindés dans les rues, LBD qui éborgnent et brisent les mâchoires, grenades qui arrachent les chaires et meurtrissent les corps. Des armes de guerre contre des civils.

Ce déchaînement de violences ne peut évidemment exister qu’avec la bénédiction du pouvoir politique. Les policiers brutalisent les individus, le gouvernement enrégimente les esprits. Castaner attise la haine des manifestants auprès de ses troupes, Macron nie la réalité des violences policières pour mieux les approuver. Et les suppôts de la Macronie appellent la police à tirer à balles réelles sur les Gilets Jaunes.

A la brutalité policière et au mépris politique s’ajoute la répression judiciaire. Les peines se sont abattues sur les manifestants avec rigueur et férocité. Certains ont été condamnés pour une affichette placardée à l’arrière de leur véhicule, d’autres poursuivis pour un vol de fourchette au Fouquet’s. Et toujours aucun policier sanctionné malgré les images, les blessures, les mutilations.

A force de répression, de propagande et de procès, le fleuve est rentré dans son lit. La colère de la rue a décru mais à quel prix ? Le discrédit de l’IGPN, des opérations de « maintien de l’ordre » et de la Justice est total. Les éléments de langage n’opéreront plus. Ce qui passait hier encore pour des mécanismes démocratiques apparaissent aujourd’hui pour ce qu’ils sont : des outils de domination politique.

On savait déjà tout ça de manière confuse. On savait sans savoir. On ne voulait pas savoir. Et c’est précisément depuis notre cécité qu’il faut comprendre les propos de Macron qui, en août dernier, appelait les Français à se « réconcilier ». Mystifier l’intolérable.